un office historique dans l'oise
L’office de Me Jean-Paul Lecointe, mon prédécesseur, était installé au cœur de la vie de la cité, rue Henri Bodchon dite rue des Vendredis, parce que c’était dans cette rue que se tenaient les marchés le vendredi. Autant dire que tous les habitants connaissaient l’office notarial ! Pour gagner en place lors de son développement, l’office notarial s’est installé dans une dépendance de l’Abbaye royale de Moncel, haut lieu historique de la région de l’Oise.
ENTRETIEN AVEC ME JEAN-PAUL LECOINTE, prédécesseur
Le successeur poursuit et développe l’œuvre de son prédécesseur. C’est en ce sens que nous avons souhaité publier ici l’entretien réalisé entre Maîtres Jean-Paul LECOINTE et Cyril TOURNOUX.
Jean-Paul LECOINTE a succédé à son père, Me Philippe LECOINTE, en 1982. Cyril TOURNOUX a intégré l’office en 2014, pour lui succéder début 2016.
Dans sa carrière, Jean-Paul LECOINTE a fait œuvre de conservation de l’essentiel, l’esprit de l’étude, tout en la modernisant sans relâche. Il a fait partie de plusieurs comités pilote pour la profession, et a animé une grande conférence sur le droit et le handicap, l’un de ses sujets de prédilection. À la suite de son père, il a été élu Président de la Chambre des notaires de l’Oise, entre 2000 et 2002.
Cyril TOURNOUX : Cher Jean-Paul, je te souhaite la bienvenue dans ton ancien bureau. À l’occasion de la mise en ligne du nouveau site internet de l’office, ta participation paraissait indispensable. Il faut dire que, entre 1982 et 2016, tu as dû en voir, des changements !
Jean-Paul LECOINTE : Cher Cyril, je te remercie pour ton accueil. Il est vrai que notre office, qui a conservé son ADN depuis toujours, n’a en réalité cessé d’évoluer. Depuis que j’ai commencé ma carrière, en 1974, à Paris, que de bouleversements dans la façon de travailler ! La photocopie, la télécopie et l’informatique ont profondément bouleversé les méthodes, et donc notre métier.
CT : Quelle est l’histoire de l’office notarial ?
J-PL : Cet office notarial se situe à Pont Sainte Maxence aussi loin que puisse remonter ma mémoire. Il était auparavant situé au 33 rue Henri Bodchon, la rue dite « des vendredis », le jour du marché. Dans le cadre du développement de l’étude, les locaux étant devenus exigus et inadaptés, j’ai choisi de m’installer quelques centaines de mètres plus loin, en limite des communes de Pontpoint et Pont Sainte Maxence, dans les anciennes dépendances près l’Abbaye royale du Moncel.
CT : Un petit mot sur tes prédécesseurs ?
J-PL : Dans la période récente, c’est-à-dire depuis la fin de la guerre, peu de notaires se sont succédés :
*de 1946 à 1959, Maître Bénoni Yvart, décédé en fonction. Il était décrit comme un homme très discret, très droit, qui aimait les gens. Fait peu commun chez les notaires, les clients les plus anciens en parlent encore, c’est dire !
*de 1960 à 1982, mon père, Maître Philippe Lecointe.
*moi-même de 1982 à 2016.
CT : -Si l’on devait décrire en quelques mots l’ADN de l’office ?
J-PL : Si l’on interrogeait nos clients, qui sont, je le crois les mieux placés pour en parler, ils diraient certainement que chaque notaire qui s’est succédé a souhaité rester dans cette dimension de notaire de famille, peu affairiste et attaché à une clientèle fidèle. Pour autant, l’office a profondément évolué, car la relation clients a changé. Avant l’email et l’instantanéité, le client s’adaptait à l’emploi du temps du notaire. De nos jours, c’est le notaire qui s’adapte à l’emploi du temps du client. Est-ce un bien ou un mal ? Dans chaque métier, on observe ce changement.
CT : C’est vrai. Mais ce qui compte le plus à nos yeux tient en une anecdote. Quelques temps après ton départ, une dame âgée est venue me voir, en me disant qu’elle avait écouté mon conseil. Je lui ai bien entendu demandé lequel, car je ne me souvenais pas lui en avoir prodigué. Elle m’a dit que lorsqu’elle avait acquis son terrain pour faire construire, en 1949, le notaire lui avait conseillé d’acheter la totalité de la parcelle, et qu’elle pourrait en revendre une partie à sa retraite, cela lui « mettrait du beurre dans les épinards », m’a-t-elle expliqué. Elle m’a donc regardé dans les yeux, m’a pointé du doigt et m’a dit « on va faire comme on a dit, je vais vendre une partie de mon terrain ». J’ai alors réalisé qu’elle ne s’adressait pas à moi, mais à la fonction de notaire, à moi-même, à toi Jean-Paul, à ton père et celui qui l’avait précédé.
J-PL : C’est cela, la confiance ! La confiance, c’est le cœur du métier
Entretien réalisé au début de l’été 2022.